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paul-françois paoli - Page 4

  • La mort de l'école est-elle programmée ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous l'émission mensuelle de TV Libertés consacrée au débat d'idées, intitulée Les idées à l'endroit et animée par Alain de Benoist et Olivier François.

    Ce mois-ci, le débat est consacré à la crise de l'école, avec autour de la table Jean-Paul Brighelli, professeur agrégé de lettres et essayiste, auteur notamment de Tableau noir (Hugo Document, 2014), Paul-François Paoli, journaliste, qui a récemment publié Malaise de l'Occident (Pierre-Guillaume de Roux, 2014),  et Alain Kimmel, professeur de civilisation française, coordinateur du numéro de Krisis (n°38, septembre 2012) consacré à l'éducation.

    Des échanges passionnants ! Une émission à ne pas manquer...

     

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  • Révolution conservatrice d'hier et d'aujourd'hui...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Pierre Saint-Servant pour Novopress et consacré à la Révolution conservatrice.Essayiste et philosophe, Alain de Benoist vient de publier récemment Quatre figures de la Révolution conservatrice (Amis d'Alain de Benoist, 2014) et Le Traité transatlantique et autres menaces (Pierre-Guillaume de Roux, 2015).

     

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    Révolution conservatrice d'hier et d'aujourd'hui

    La Révolution Conservatrice retient depuis plusieurs décennies votre attention. Dans votre dernier ouvrage, vous avez choisi de l’aborder par l’intermédiaire de quatre personnalités, symbole probable de la grande diversité de ce mouvement. Comment définiriez-vous cette Konservative Revolution ?

    Les représentants de la Révolution Conservatrice allemande n’ont que rarement utilisé ce terme pour se désigner eux-mêmes. L’expression ne s’est imposée qu’à partir des années 1950, à l’initiative de l’essayiste Armin Mohler, qui a consacré à cette mouvance un énorme « manuel » (La Révolution Conservatrice en Allemagne, 1918-1932) traduit en France en 1993. Elle désigne couramment ceux des adversaires de la République de Weimar, hostiles au traité de Versailles, qui se réclamaient d’une idéologie « nationaliste » distincte de celle du national-socialisme. Mohler les regroupe en trois familles principales : les jeunes-conservateurs (Moeller van den Bruck, Othmar Spann, Oswald Spengler, Carl Schmitt, Wilhelm Stapel, etc.), les nationaux-révolutionnaires (Ernst Jünger, Franz Schauwecker, Ernst Niekisch, etc.) et les Völkische, qui sont des populistes à tendance souvent biologisante ou mystique. La Révolution Conservatrice n’est donc pas du tout un mouvement unitaire, même s’il existe entre ses représentants certains points communs. C’est plus exactement une mouvance, qui ne comprend pas moins de trois ou quatre cents auteurs, dont seule une minorité ont été traduits en français. Cette mouvance n’a pas à proprement parler d’équivalent dans les autres pays européens, mais pour ce qui concerne la France, on pourrait à bien des égards la rapprocher de ceux que l’on a appelés les « non-conformiste des années trente ».

    Sous le IIIe Reich, peu de révolutionnaires conservateurs se sont ralliés au régime. Quand ils l’ont fait (comme Carl Schmitt), cela a généralement été pour peu de temps. Certains se sont exilés, quelques uns ont été assassinés (Edgar J. Jung), d’autres sont entrés dans la Résistance, ce qui leur a valu d’être emprisonnés (Ernst Niekisch) ou exécutés (Harro Schulze-Boysen). La plupart ont vécu dans une sorte d’exil intérieur (Jünger) rarement dépourvu d’ambiguïté.

    Si la Révolution Conservatrice reste méconnue en France, n’est-ce pas en partie à cause de la contradiction des termes qu’elle semble contenir ? Les définitions françaises et allemandes des termes « conservateur » et « révolutionnaire » seraient-elles à ce point différentes ?

    En France, le mot « conservatisme » est assez péjoratif. On le tient volontiers pour synonyme de « réactionnaire ». Il en va très différemment en Allemagne, où le mot « droite » est en revanche peu employé. L’association, à première vue surprenante, des mots « conservateur » et « révolutionnaire » témoigne d’abord, d’un point de vue théorique, d’une volonté de conciliation des contraires (c’est au fond l’idée hégélienne d’Aufhebung, de dépassement d’une contradiction). Mais elle répond aussi à l’idée que, dans le monde tel qu’il est devenu, seul un bouleversement général, c’est-à-dire une révolution, permettra de conserver ce qui vaut la peine d’être conservé : non pas le passé, mais ce qui ne passe pas. Arthur Moeller van den Bruck écrit ainsi : « Le réactionnaire se représente le monde tel qu’il a toujours été. Le conservateur le voit comme il sera toujours ». Il ajoute que, par opposition aux réactionnaires, qui ne comprennent rien à la politique, « la politique conservatrice est la grande politique. La politique ne devient grande que lorsqu’elle crée de l’histoire ».

    La confusion sémantique ne s’arrête pas là. Le terme « socialiste » est aujourd’hui utilisé (tant par ceux qui s’en réclament que par ceux qui s’y attaquent) à tort et à travers. Voir l’équipe Hollande-Valls-Macron se réclamer du socialisme est aussi ridicule qu’entendre certains invoquer une « dictature socialiste » pour nommer le désordre libéral-libertaire actuel. Que recouvre le socialisme dont se réclament à la fois Arthur Moeller, Werner Sombart ou encore Ernst Niekisch, au-delà de leurs nuances respectives ?

    Une idée propre à de nombreux révolutionnaires conservateurs est que « chaque peuple a son propre socialisme » (Moeller van den Bruck). Sous Weimar, la notion de « socialisme allemand » est d’usage courant aussi bien à droite qu’à gauche, y compris au sein des organisations nationalistes. Werner Sombart, grand spécialiste de l’histoire du mouvement social et du capitalisme, est d’ailleurs l’auteur d’un livre portant ce titre (Le socialisme allemand, traduction française en 1938). Oswald Spengler parle de « socialisme prussien », c’est-à-dire d’un socialisme porté par l’éthique et le style prussiens, qui rejette d’un même mouvement les valeurs bourgeoises et la « prolétarisation ». Expliquant que Marx a dévoyé le socialisme en l’entraînant en Angleterre, patrie du libéralisme, il affirme qu’il faut maintenant le « rapatrier » dans le pays où « chaque Allemand véritable est un travailleur ». Ces références montrent que pour la Révolution Conservatrice l’ennemi principal est très clairement le libéralisme.

    L’un des riches débats qui animèrent les rangs de la Révolution Conservatrice opposa les tenants d’un « ruralisme », admirateurs de la paysannerie et contempteurs du mode de vie urbain aux partisans d’une prise en main de la technique et de la figure mythique du Travailleur (que contribuèrent à forger tant Jünger que Niekisch). Que peut-on en retenir ?

    C’est en effet l’un des traits qui distinguent les jeunes-conservateurs des nationaux-révolutionnaires. Les premiers, très influencés par l’idée du Reich médiéval, en tiennent souvent pour une société des « états » (Stände) où la paysannerie, lieu par excellence des solidarités organiques et des traditions populaires, joue un rôle essentiel, tandis que les seconds se veulent à la fois plus radicaux et plus « modernistes ». Cela dit, un auteur comme Oswald Spengler n’hésite pas à donner une interprétation « faustienne » de la technique. Le cas d’Ernst Jünger est plus complexe. Son livre sur Le Travailleur (1932), qui oppose à la Figure du Bourgeois une sorte de métaphysique du Travail, est une apologie « titanesque » de la Technique en tant que facteur de « mobilisation totale », mais l’auteur des Orages d’acier reviendra par la suite sur cette façon de voir, notamment sous l’influence de son frère, Friedrich Georg Jünger, auteur dans l’immédiat après-guerre d’un livre très hostile à la technique (Die Perfektion der Technik) que l’on peut considérer comme un ouvrage fondateur de l’écologisme actuel.

    Ce qui frappe dans les portraits que vous dressez, c’est la difficile incarnation politique des idéaux portés par la Révolution Conservatrice. L’extraordinaire fécondité intellectuelle de ce mouvement donne d’autant plus le vertige que ses réalisations politiques paraissent faibles. Qu’en est-il ?

    Il est exact que la Révolution Conservatrice n’a pas réussi à s’imposer politiquement, ce qui est fort dommage, car elle aurait évidemment constitué une alternative positive à l’hitlérisme. Sur le plan politique, elle s’est plutôt manifestée par des activités « ligueuses », des clubs de réflexion, des associations multiples et variées, ce qui n’empêche pas qu’on repère sans peine son influence à l’intérieur du Mouvement de jeunesse (Jugendbewegung) issu de l’ancien Wandervogel, ou à la faveur d’événements ponctuels, comme la révolte paysanne dans le Schleswig Holstein. Mais cela n’a pas suffi à en faire une dynamique de premier plan. Cela s’explique notamment par le fait qu’à quelques exceptions près, les représentants de la Révolution Conservatrice n’étaient pas des politiciens, mais des écrivains et des théoriciens. D’un autre côté, c’est aussi ce qui nous permet de les lire encore aujourd’hui avec profit.

    La Révolution Conservatrice semble trouver des échos inattendus dans la nouvelle critique anti-libérale qui émerge actuellement avec des auteurs tels que Jean-Claude Michéa, Dany Robert-Dufour mais aussi Hervé Juvin, ou encore le jeune Charles Robin que vous avez édité récemment. Que manque-t-il à ce renouveau pour qu’il puisse « faire école » ?

    Disons que certaines thématiques propres à la Révolution Conservatrice resurgissent incontestablement aujourd’hui. Mais on pourrait en dire autant des idées des « non-conformistes des années trente », qu’il s’agisse de Thierry Maulnier, Bertrand de Jouvenel, Alexandre Marc, Robert Aron, Bernard Charbonneau et tant d’autres. Ce qu’il faut, c’est que cette tendance s’amplifie. Au-delà des évolutions individuelles, de plus en plus nombreuses, ce qui me paraît le plus de nature à y contribuer, c’est le fait que l’on voit aujourd’hui s’imposer de nouveaux clivages qui rendent chaque jour plus obsolète le vieux clivage droite-gauche. Le clivage essentiel est désormais celui qui oppose partisans et adversaires de la mondialisation, ou encore le peuple et la classe dominante. La critique du libéralisme peut dans cette optique jouer un rôle fédérateur

    « Droite libérale et gauche sociétale semblent communier dans un même aveuglement », résume Christopher Gérard pour évoquer le récent ouvrage de Paul-François Paoli, Malaise de l’Occident. Vers une révolution conservatrice ? C’est la collusion de ces deux camps que vous démontrez implacablement depuis des décennies. Avez-vous le sentiment que cette compréhension avance ?

    J’ai en effet ce sentiment. Jean-Claude Michéa a joué à cet égard un rôle très important, en montrant (ou en rappelant) l’identité de nature existant entre le libéralisme économique, surtout défendu par la droite, et le libéralisme culturel ou sociétal, surtout défendu par la gauche. La révolution permanente des mœurs ne peut qu’aller de pair avec la libération totale du marché, l’une et l’autre relevant d’une même conception anthropologique, fondée sur l’axiomatique de l’intérêt et sur ce que Heidegger appelle la « métaphysique de la subjectivité ». Un gouvernement associant à la fois Emmanuel Macron et Najat Vallaud-Belkacem en est une illustration frappante. Le fait nouveau est la réapparition « à droite » d’une critique radicale du capitalisme libéral, que je crois aujourd’hui plus nécessaire que jamais. Elle a l’avantage de faire apparaître l’inconséquence tragique de ces « nationaux-libéraux » qui veulent à la fois défendre le système du marché et des « valeurs traditionnelles » que ce système ne cesse d’éliminer.

    Paoli évoque « la précarité intellectuelle de nos enfants, des adolescents qui n’ont aucun repère et dont la culture historique est très pauvre. » et poursuit : « Le mode de vie consumériste fondé sur la consommation de masse a appauvri ce pays. Il l’a appauvri culturellement et symboliquement ». Pour conclure, ne peut-on pas envisager que si une révolution conservatrice est en germe, elle s’incarne plus dans des modes de vie dissidents (citadelle ou grain de sable) que dans une énième structure politique ?

    Vous avez sans doute raison. Face à un système de l’argent en passe de se détruire lui-même du fait de ses contradictions internes, l’action politique, si utile qu’elle puisse être, trouve très vite ses limites. Se rebeller contre ce système exige d’adopter des modes de vie ou des styles de vie différents, ce qui implique un patient dessaisissement par rapport à l’idéologie dominante, à commencer par le primat des valeurs marchandes. Serge Latouche parle à ce propos de « décolonisation » de l’imaginaire symbolique, formule qui me paraît bien trouvée. C’est à cette condition que l’on pourra voir réapparaître à l’échelon local des « espaces libérés » où la réanimation du lien social permettra l’émergence d’une nouvelle citoyenneté sur la base de valeurs partagées.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Pierre Saint-Servant (Novopress, 4 et 5 février 2015)

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  • Vers une révolution conservatrice ?...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux publient cette semaine un essai de Paul-François Paoli intitulé Malaise de l'Occident - Vers une révolution conservatrice ? . Chroniqueur au Figaro littéraire, Paul-François Paoli est l'auteur de plusieurs essais, dont La tyrannie de la faiblesse (Bourin, 2010) et Pour en finir avec l'idéologie antiraciste (Bourin, 2012).

     

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    " La France est-elle au bord de la guerre civile ainsi que le clament de manière unanime l’ensemble des médias, toutes tendances confondues ?  Le mal profond dont souffre le pays résulte de plusieurs fractures dépassant de loin  la « fracture sociale » dénoncée par Jacques Chirac il y a 20 ans. Ainsi les grandes manifestations contre le « mariage pour tous » ont témoigné du fossé existant désormais entre une France affiliée à une certaine vision « naturaliste » de la famille et le monde parisien où les partisans du « mariage pour tous » sont très majoritaires. Cette fracture est extrêmement profonde car dépassant les affiliations politiques: il s'agit, ni plus ni moins, d'une vision de l'homme, de la femme et de l'enfant. Une autre question, tout aussi dramatique par sa violence, a trait à l'identité de la France et de la République.  D’un côté, la gauche a réussi à imposer, à travers les discours récurrents de Peillon, Hamon, Taubira ou Hollande, une vision de "l'homme universel" dont, nous autres Français, aurions, en quelque sorte, déposé l'imprimatur depuis la Révolution Française. Là encore il s'agit d'une spécificité française, marquée par la culture jacobine, mais aussi par les idéaux du Grand Orient de France auxquels moult ministres socialistes sont affiliés. Cet universalisme idéologique n'est pas aussi partagé qu'on le croit et son affirmation autoritaire instaure un clivage dans un pays marqué par le morcellement croissant des identités. La troisième fracture  découle de l'histoire d'une Résistance marquée par l'influence communiste. Au point que toute contestation de sa vision passe pour une forme de collaborationnisme. La pensée gaullienne, nationale dans son essence, a été, en fin de compte, occultée au bénéfice d'un humanisme messianique dont Stéphane Hessel est devenu, ces dernières années, le parangon médiatique. Occultation qui est la raison d'être fondamentale de l'apparition du FN dans les années 80, lequel se construit sur les ruines du gaullisme politique.  Aux yeux d'un De Gaulle, la légitimité de l'Etat français est fondée sur un peuple; le peuple français, dont la francité n'est pas réductible à la citoyenneté , prônée à toute force par la République officielle de Peillon et consorts, mais relève aussi d'un sentiment d'affiliation historique et culturelle.. . Toutes ces fractures ont pour enjeu la survie même du pays. A l'heure où émergent ces grands blocs que constituent l'Inde et la Chine et où se radicalise l'Islam, il semble vain de se nourrir d'illusions sur le rôle, par définition universel, de la France dont l'influence, désormais scellée par l'entreprise européenne, s'est amoindrie depuis la fin de l'Empire colonial. Alors quelle révolution  s’impose-t-elle sinon, celle qu’on appellera «  conservatrice » ? "

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  • Ce que valent les civilisations...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dominique Venner, cueilli sur son site et qui prend pour point de départ la polémique sur les civilisations déclenchée par la "petite phrase" de Claude Guéant... 

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    Ce que valent les civilisations...

    Ce fut un beau vacarme ! Dans le vif de la campagne présidentielle, le ministre de l’Intérieur avait lâché une petite phrase destinés à faire grimper les sondages dans une opinion excédée par la présence islamique : « Les civilisations ne se valent pas… » La puissante coterie « culturelle » prit feu comme on l’attendait. Manquait cependant au chœur des indignés un très grand intellectuel, George Steiner, auteur récent d’une page admirative sur la Grèce antique : « L’incandescence de la créativité intellectuelle et poétique en Grèce […] aux Ve et VIe siècles avant notre ère, écrit-il, demeure unique dans l’histoire humaine. À certains égards, la vie de l’esprit n’a été ensuite qu’une copieuse note en bas de page. […] Le “politiquement correct” pénitentiel qui prévaut aujourd’hui et le remord du post-colonialisme aidant, il est délicat ne serait-ce que de poser les questions sans doute pertinentes, de demander pourquoi l’ardente merveille qu’est la pensée pure ne l’a emporté presque nulle part ailleurs (quel théorème nous est venu d’Afrique ?) (1) »

    De cette créativité exceptionnelle, les Européens ont hérité. Et cet héritage fut le socle de leur civilisation aujourd’hui fortement ébranlée, mais toujours apte à renaître comme plusieurs fois déjà au cours d’un très long passé. Cette espérance me venait à l’esprit en lisant l’ouvrage que vient de publier Paul-François Paoli, Pour en finir avec l’idéologie antiraciste (2). Chroniqueur au Figaro littéraire et auteur de plusieurs essais, Paoli cite d’ailleurs aussi l’extrait du livre de George Steiner auquel je viens de faire allusion.

    Dans le très complet et intelligent décryptage qu’il fait de l’idéologie antiraciste, Paul-François Paoli est en bonne compagnie, apportant une contribution originale aux réflexions développées par Alain Finkielkraut, Renaud Camus, Richard Millet et autres téméraires bretteurs. Il développe une analyse assez remarquable et très complète des causes intellectuelles et historiques qui ont fait de la France, au fil des siècles, la nation européenne la plus déracinée avant de devenir la terre d’élection de l’universalisme puis de l’antiracisme : « Fille aînée de l’Église, puis fille autoproclamée de la Raison avec Descartes, enfin pays des Lumières et de la grande Révolution, à chaque fois nous superposons au peuple français un principe qui en serait l’âme et l’emblème. C’est le fameux discours sur les “valeurs universelles” ». Les Français sont sans doute les seuls au monde avec les Américains à croire qu’un pays et un principe peuvent se confondre. S’ils le croient c’est que ce leur fut enseigné et répété sur tous les tons de génération en génération au point de s’inscrire dans leurs « représentations ».  Or, constate Paoli, à la suite de la décolonisation, on a vu se décomposer le grand récit que les Français avaient raconté au monde depuis quelques siècles. Le pays de Descartes et de la Raison, berceau des Lumières, s’imaginait vouée à être la nation exportatrice des idéaux universalistes de liberté, d’égalité et de fraternité. Ce grand récit, souligne Paoli, a atteint son apogée durant l’Exposition coloniale de 1931. Affreusement affaiblie par le bain de sang de 14-18, l’ex Grande Nation s’est mirée une dernière fois au spectacle de ses colonies. L’effondrement de 1940, la défaite de Diên Biên Phu et la perte de l’Algérie ont scellé la fin de cette illusion. Et pourtant, « nous continuons d’imaginer que nous avons un “message” à délivrer à l’humanité, de Mayotte à l’Afghanistan en passant par la Lybie… » Nous n’avons pas compris que le projet utopique d’unification de l’humanité issu du message chrétien et de la Révolution française, n’intéressait plus personne, pas plus les Chinois que les Musulmans. Après la fin de la guerre d’Algérie, ce qui subsistait de ces idéaux a servi de terreau à l’idéologie antiraciste, instrument du « grand remplacement » décrit par Renaud Camus. Avec un rare courage, Michèle Tribalat, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques (INED) a décrit de l’intérieur la logique du système : « La réalité, la mise en évidence des faits ne comptent guère. […] Travailler sur l’immigration, c’est partir en mission contre ceux qui pensent mal. […] L’antiracisme idéologique structure l’expression savante et ordinaire sur l’immigration (3) ». Il en était ainsi dans le système soviétique avant son effondrement soudain. La réalité du socialisme ne pouvait être ce que chacun pouvait observer. La perception des victimes était fausse et réactionnaire. On sait ce qu’il est finalement advenu de ce tripotage après 1989.

    Dominique Venner

    (www.dominiquevenner.fr, 28 février 2012)


    Notes

    1. George Steiner, La Poésie de la pensée, Gallimard, 2011.
    2. Paul-François Paoli, Pour en finir avec l’idéologie antiraciste, François Bourin Editeur, 180 p., 20 €.
    3. Michèle Tribalat, Les Yeux grands fermés, l’immigration en France, Denoël, 2010.
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  • Pour en finir avec l'idéologie antiraciste...

    Les éditions Bourin publient cette semaine une essai de Paul-François Paoli intitulé Pour en finir avec l'idéologie antiraciste. Journaliste au Figaro, Paul-François Paoli est l’auteur de nombreux essais de combat, dont La Tyrannie de la faiblesse (Bourin Éditeur, 2010).

     

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    "L’antiracisme, nécessité morale absolue, a atteint ses objectifs en Occident. Toute idée de suprématie raciale y est désormais délégitimée et celui qui s’en prévaudrait encourrait, à juste titre, l’opprobre des institutions et des médias. Pourtant, alors que les racistes avérés sont devenus très marginaux dans nos sociétés, l’antiracisme s’est mué en une idéologie à la fois diffuse et contraignante qui outrepasse largement sa raison d’être. Manipulée comme une arme de disqualification massive, elle impose un terrible chantage sur quiconque ose interroger l’immigration, l’influence de l’islam ou le multiculturalisme. Non contente de réintroduire le délit d’opinion, elle interdit par ailleurs, au nom d’un universalisme au rabais, toute réflexion sur la grandeur et l’unicité de la culture européenne.
    À travers une méditation historique sur l’épineuse question de l’identité française, Paul-François Paoli déconstruit une doxa tyrannique qui stérilise le débat public."

     

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  • La tyrannie de la faiblesse

    Journaliste au Figaro, Paul-François Paoli vient de publier chez Bourin Editeur La tyrannie de la faiblesse - La féminisation du monde ou l'éclipse du guerrier. Dans ce livre, il prolonge sous l'angle plus spécifiquement politique les analyses et les intituitions d'un Alain Soral (Vers la féminisation) ou d'un Eric Zemmour (Le Premier sexe) concernant la féminisation, voire l'émasculation, de la société.

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    Culte des victimes, obsession de la sécurité, négation de la dimension conflictuelle de la politique, méfiance pour toute expression d'autorité et de force, primat de l'émotionnel sur l'intellectuel etc. : ces phénomènes qu'ont pu mettre en évidence moult sociologues ces dernières années, témoignent, aux yeux de Paul François paoli, d'une certaine forme de « féminisation du monde ». elle concerne aussi bien le discours politique, que celui d'une institution comme l'eglise catholique, ou que celui des médias et repose en grande partie sur l'adhésion massive des femmes à la modernité libérale qui les a délivrées du carcan judéo-chrétien. Dans un monde aseptisé où les figures millénaires de l'homme, celle du père et du soldat, se sont effacées, la dynamique parfois agressive d'une religion aussi « masculiniste » que l'islam, représente un défi. L'Europe et, parmi elle, la France, saura-t-elle le relever ?

     

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